Le FHAR / Parc des Buttes-chaumont.

Le jour où les pédés firent la chasse à leurs prédateurs.

Comme la plupart des jardins publics, les Buttes-Chaumont sont un lieu propice aux rencontres entre des hommes qui préfèrent leurs semblables, la clandestinité étant le plus souvent leur lot. Ces jardin sont aussi le terrain de chasse de jeunes brutes qui viennent « casser du pédé ». Au printemps 1971, les participants à ce réseau informel qu’était encore le FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire) décidèrent que cet état de choses avait assez duré et qu’il fallait passer à l’offensive. Un groupe essentiellement composé de garçons fut donc constitué et déferla par la rue Manin. Les chasseurs, chassés à leur tour, furent vite mis en déroute, submergé par le nombre, les hurlements suraigus des « folles » et une violence bien virile à laquelle à laquelle ils ne pouvaient s’attendre. Ils comprirent ainsi que les « pédés » étaient aussi des hommes résolus, qu’ils pouvaient cogner dur et faire reculer l’homophobie. Comprirent-ils aussi que la lutte pour la liberté des choix sexuels n’étaient qu’un des nombreux visages de la lutte pour la subversion des rapports imposés par la société bourgeoise ? L’histoire ne le dit pas, mais nombre de militants homosexuels ne l’avaient sans doute pas plus imaginé. En effet, la disparition du FHAR pour laisser place dès le début 1974 au Groupe de libération homosexuel (GLH) en dit long sur la dilution de la dimension révolutionnaire du mouvement des homosexuels et préfigure le communautarisme intégrateur à l’américaine qui fleurit aujourd’hui les rues du quartier du Marais et enrichit ses commerçants.

Lola Miesseroff

Extrait de Un Paris révolutionnaire, L’Esprit frappeur/Dagorno, 2001, p. 335.

Le journalisme de Guy Hocquenghem

Dans la presse underground des années 1968, des plumes polémiques démolissent les fondements de l’ordre social. Le journaliste Guy Hocquenghem illustre cette période. 

Avec la contestation des années 1968 s’ouvre une libération de tous les aspects de la vie. Guy Hocquenghem relie l’émancipation sociale et la libération des corps. Il participe aux mouvements de lutte homosexuels. Mais, durant son militantisme gauchiste, il a dû cacher son orientation sexuelle. Il participe au groupe maoïste spontanéiste Vive la Révolution (VLR), qui publie le journal Tout !, puis au Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR). Mais Guy Hocquenghem publie également de nombreux textes. Il est journaliste et romancier. Il écrit des reportages et des chroniques, des articles polémiques et des fictions. Il publie dans la presse underground, notamment Actuel et Libération. Jusqu’à sa mort, en 1987, il reste fidèle à ses idées et à l’esprit libertaire de Mai 68. Un recueil d’article, dans le livre Un journal de rêve, permet de découvrir ses articles de presse.

La suite sur Zones subversives